La certification de l'éducation traditionnelle chez les Bamiléké comporte trois aspects distincts mais complémentaires.
Premier aspect: Le degré de liberté
Le nombre de degrés de liberté d'entreprendre laissé à un individu augmente en général avec l'âge. Ainsi, l'âge d'un individu est un jauge de l'importance des connaissances acquises. C'est pourquoi on dit qu'en Afrique les vieillards sont de véritables temples du savoir ou de bibliothèques vivantes.
Deuxième aspect: Le changement du statut social
Dans les sociétés hiérarchisées, une vie sociale pleine passe par de nombreuses étapes. A Baham par exemple, l'itinéraire social d'un individu qui veut s'accomplir pleinement sur le plan des exigences sociales passe par six principales étapes.
- Le rituel de « Lo'opé »
Le jeune demande une parcelle de terrain à son père pour y construire sa propre maison. - Le rituel de « Lo'omedjui »
L'individu jeune demande sa femme à son père et se marie. - Le rituel de « Kouo »
L'individue accomplit la cérémonie de la chaise chez son père et peut désormais faire un certain nombre de choses en sa présence (porter un chapeau, fumer, s'asseoir sur une chaise, etc.). - Le rayonnement dans le quartier
L'individu doit satisfaire les exigences requises pour entrer dans le « Muedjoung » de son quartier. - L'acquisition d'un titre de notabilité
L'individu sollicite ce titre auprès du roi en remplissant un certain nombre d'exigences matérielles. Il intègre ensuite au moins une société coutumière de la cour royale en remplissant les conditions matérielles requises. Il devient ainsi notable du royaume. - Le couronnement social
Le père de l'individu lui remet un « kouo » et installe son premier « Tchuepsi » (autel). Ses enfants feront désormais chez lui ce qui a accompli chez son père. La lignée devient entièrement autonome.
Troisième aspect: la reconnaissance sociale
La compétence, la maîtrise technique et le niveau d'intégration sociale se mesurent par le nombre d'avis favorables, par la qualité des ouvrages réalisés et par des attributs visibles. On voit vraiment le bon « maçon » au pied du mur et non sur un diplôme papier (souvent trafiqué) ou à travers la publicité (parfois mensongère).
Pour d'amples informations sur le sujet, confer à l'ouvrage «Le déracinement social en Afrique: une conséquence de l'éducation moderne. Quelle éducation pour le futur? » pp 22-26