Comment comprendre qu'on en soit encore là plus de 50 ans après les indépendances des pays africains ? La connivence des intellectuels et surtout des dirigeants formés pour la plupart dans les institutions occidentales, qu’elle soit active (en cédant aux pressions du néocolonialisme pour quelques prébendes) ou passive (acculturation ou ignorance de la place centrale de l’éducation dans l’affirmation de la personnalité et la promotion d’un développement authentique) est fortement soupçonnée. En effet, nos universitaires qui ont pour mission noble et exaltante de façonner la jeunesse de demain, continuent de ressasser, dans le contexte communautariste qui est le nôtre, les concepts, les théories, les lois, les pratiques et les paradigmes conçus pour les sociétés occidentales individualistes. On n’est donc pas étonné que les grands braqueurs de la fortune publique et fossoyeurs de la moralité publique soient des hauts dignitaires de nos pays, alors que dans nos sociétés traditionnelles les chefs et les notables incarnaient plutôt la rectitude morale et la probité, en somme la vertu.
Il va sans dire que notre meilleur avenir ne peut se construire qu'à partir de nos sources culturelles authentiques que les intellectuels doivent sans délai sortir de l’oralité en les expurgeant des idées reçues, des stéréotypes et des préjugés entretenus à dessein ou par ignorance.
La vingtaine d’ouvrages que présente le site Jifedie - Racines Culturelles est notre modeste contribution à cette impérieuse œuvre de refondation et de renaissance de l’Afrique, lesquelles doivent être adossées aux propres valeurs du continent. Ces ouvrages abordent tous les éléments matériels et immatériels de la culture bamiléké, avec un accent particulier sur les fondements, les tenants et les aboutissants des us et coutumes de ce peuple.
C'est dire que nous ne devons plus nous contenter des dons d'ouvrages apparemment généreux et philanthropiques des pays extérieurs, mais dont les conséquences sur l’acculturation de notre jeunesse sont évidentes. Les parents, les écoles, les municipalités et les généreux donateurs doivent mettre ses ouvrages sur notre culture à la disposition des enfants afin de contribuer à leur nécessaire et indispensable enracinement social. La transmission à nos enfants du substrat social qui a fait notre force est en effet la seule garantie d’une succession digne et paisible qui assurera la continuité qui nous est si chère de nos œuvres. On ne peut plus se contenter des seuls livres au programme scolaire!
En cette ère de mondialisation où l'avenir est plus qu'incertain pour de nombreux peuples, le salut ne sera garanti que pour ceux qui pourront se ressourcer dans leur passé pour s’arroger leur spécificité et leur originalité. Les autres tomberont nécessairement dans les oubliettes de l’histoire. Quelle insulte au Créateur!
Professeur Tchegho Jean-Marie
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