La saignée esclavagiste et les méfaits de la colonisation n’expliquent pas la situation actuelle de l'Afrique, eu égard à ses énormes ressources du sol et du sous-sol et à ses ressources humaines bien formées dont une partie de plus en plus importante fait le bonheur des économies occidentales. Par contre, les intellectuels de haut vol formés dans les prestigieuses universités occidentales qui écument les administrations et les universités africaines n’arrivent pas à faire décoller le continent. Quel paradoxe!
Nos recherches montrent que le contraire aurait été plutôt surprenant et inédit. En effet, un regard panoramique dans le monde révèle qu'aucun pays ne s'est développé sans une pleine maîtrise de sa culture dans toutes ses articulations, notamment sa vision sociale, sa langue, son système scolaire, sa religion, son mode de gestion du pouvoir et son système de valeurs sociales.
Par rapport à cette conditionnalité, on constate que le génocide culturel perpétré en Afrique par la colonisation sous le couvert de la "mission civilisatrice" a façonné les Africains pour une société individualiste modèle occidentale où l'individu se bat en permanence pour se libérer de la communauté (intérêt particulier avant tout), alors que dans les sociétés africaines essentiellement communautaristes, l'individu ne s'épanouit véritablement qu'à travers sa communauté (intérêt général au centre des préoccupations).
Il va sans dire que le développement de l’Afrique est subordonné : d’abord à la prise de conscience de l'opposition des visions sociales occidentale (individualiste) et africaine (communautariste) qui induit nécessairement des schèmas de pensée, des modes de gouvernance, des processus de socialisation, des systèmes de valeurs, etc., différents ; ensuite à la conception d’une matrice sociale assise sur les valeurs africaines et enrichie des acquis positifs des autres peuples ; et enfin à la conviction que " quelque soit le temps passé dans la mer un morceau de bois ne deviendra jamais poisson".
Les intellectuels, les universitaires, les chercheurs, les gouvernants et tous les dignes fils de l’Afrique sont ici fortement interpellés pour leur participation active à l’œuvre de reconquête et de diffusion des valeurs culturelles africaines d'avant-garde spoliées par plusieurs siècles d’esclavage, de colonisation et de néo colonisation, cette dernière ne prospérant que grâce à notre collaboration. Cette œuvre dont la réalisation conditionne notre développement n'est pas sans risque car il s'agit de s'attaquer aux intérêts actuels des grandes puissances et de nous faire violence en abandonnant certains acquis nocifs. Mais ne dit-on pas qu'à vaincre sans péril on triomphe sans gloire? Le lourd tribut que nous devons encore payer c'est de voir encore tomber d'autres martyrs comme Lumumba, Kwame Nkrumah, Thomas Sankara, Tchundjang Puémi, Um Nyobe.
Pour notre modeste contribution à cette œuvre de refondation et de renaissance de l'Afrique, Cf.: Jifedie - Racines Culturelles.